Publié : 30 avril 2025 à 16h17 par La rédaction

Rodez : le vice-procureur sanctionné ?

Le conseil supérieur de la magistrature préconise un abaissement d'échelon suite à des accusations de harcèlement sexuel.

Justice (illustration)
Justice (illustration)
Crédit : Tiphaine Coulon / TOTEM

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a préconisé l'abaissement d'un échelon à l'encontre de l'ex-procureur de Castres (Tarn), désormais en poste à Rodez (Aveyron). Il a été entendu mi-mars en audience disciplinaire à Paris pour répondre d'accusations de harcèlement sexuel, notamment envers une de ses secrétaires. Dans son avis, la formation disciplinaire du CSM estime qu'il y a lieu de prononcer "la sanction d'abaissement d'un échelon" à l'encontre de Chérif Chabbi., notamment pour "manquement aux devoirs de dignité, de délicatesse, à l'honneur et aux devoirs de son état de chef de juridiction" à l'égard d'une de ses assistantes.

Dans sa déclaration à l'Inspection générale de la Justice en juillet 2023, la jeune femme avait raconté qu'après un déjeuner professionnel, son supérieur hiérarchique lui avait pris la main puis la taille, ce qui l'avait "sidérée", au point de se confier à ses collègues. Avant ce contact physique, la jeune femme a raconté avoir dû subir des remarques sur ses vêtements, des regards appuyés sur son décolleté, une invitation à le rejoindre dans sa piscine alors qu'il était en télétravail, ainsi que des blagues graveleuses.

"Ce comportement dépasse amplement la maladresse" a estimé le Conseil, ajoutant que le comportement du magistrat n'a pas causé un "simple inconfort" mais a au contraire conduit à une dégradation nette de l'état de son assistante, décrite "comme vulnérable, inquiète, apeurée ou tétanisée".

La décision revient au garde des Sceaux

Pendant l'audience, Chérif Chabbi (53 ans) n'a jamais contesté les propos et les gestes décrits par son ancienne assistante, de 20 ans sa cadette. Mais pour sa défense, il a rappelé qu'à l'époque, il n'était pas dans son état normal, "embarqué dans une spirale infernale" avec une charge de travail beaucoup trop importante qui l'a conduit à consulter et à prendre des anxiolytiques.

Son avocat avait rappelé que Castres était le premier poste du magistrat, qui prenait ainsi sa revanche sur une enfance qu'il a décrite comme "indigente", au sein d'une famille extrêmement défavorisée. Au cours de l'audience, sa carrière a été qualifiée d'exemplaire, avec des retours très élogieux.

Dans son avis, la formation disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature reconnait d'ailleurs avoir pris en compte "l'investissement incontestable" du magistrat et "ses états de service très satisfaisants" jusqu’à son arrivée à la tête du parquet de Castres. Destinataire de l'avis du CSM, le garde des Sceaux, seul compétent pour prononcer les sanctions disciplinaires à l'égard des magistrats du parquet, devrait rendre sa décision dans quelques semaines.

(Avec AFP)