29 avril 2024 à 10h34 par Fanny Paul

Le Saint-Nectaire, de moins en moins consommé par les français

L'interprofession AOP reste chahutée, entre projet de décret sur l'étiquetage, et hausse des prix.

TOTEM

Un Saint-Nectaire fermier à 30 euros le kg, c’est + 20 % du prix de vente du fromage en deux ans. Conséquence : les consommateurs achèteraient moins de fromage AOP. C’est le constat sur le Saint-Nectaire qui enregistre une baisse de 4 % des ventes sur le début d’année hors Auvergne, alors que le fromage avait une croissance continue. 8000 tonnes de Saint-Nectaire Fermier sont fabriquées chaque année par 210 producteurs sur le Puy-de-Dôme et le Cantal. C’est la première filière fermière de France. Mais il n’y aura pas de nouvelle hausse assure Pierre Wälchli, le président de l’interprofession Saint-Nectaire. "On aurait préféré qu'il puisse augmenter encore, dès lors que nos volumes sont désormais à la traine, on va devoir freiner nos ambitions de progression sur les prix, car on a un impératif et un objectif à tenir : il faut conserver nos volumes. On a consacré ces dernières années à permettre à la production de se développer, d'installer des jeunes, et aujourd'hui il faut que ces personnes là puissent vivre du lait, et faire du fromage". 

Etiquetage

Il y a aussi un projet de décret sur l’étiquetage qui ne passe toujours pas pour l’interprofession AOP Saint-Nectaire. Elle était réunie en assemblée générale à Super-Besse la semaine dernière et reste vent debout contre ce projet qui émane de l’Europe et que souhaite faire appliquer la France. Cela concernerait aussi d’autres fromages fermiers comme le Salers et le Cantal. Ce décret prévoit une meilleure information du consommateur. Un objectif à première vue louable, mais pour la filière, ce décret représente surtout plus de normes. Taille des caractères, informations sur tous les producteurs, et surtout un effet jugé contreproductif avec la mention « en dehors de la ferme ». L’impact serait largement plus important sur le Saint-Nectaire selon Pierre Wälchli le président de l’interprofession Saint-Nectaire. " Ce qu'on demanderait aujourd'hui, c'est qu'à défaut de pouvoir mettre le nom de chaque producteur, c'est de mettre fromage affiné en dehors de la ferme, et de citer le nom de l'affineur. En faisant ça, ça supposerait pour le consommateurs d'acheter un produit dont il ne saurait pas où il est affiné. Nos affineurs de l'appellation Saint-Nectaire sont dans la zone d'appelation, mais avec ce décret, on laisse entendre que nos affineurs pourraient être à Marseille, à Lille ou autre. On perdrait toute crédibilité."

Il était question un temps d’un QR CODE pour apporter plus facilement des informations sur le produit. L’idée cautionnée par l’interprofession a été abandonnée.