Publié : 6 août 2025 à 18h53 par Hélène Gosselin

Des avions de chasse ont-ils le droit de voler dans les gorges du Tarn ?

La Ligue de protection des oiseaux s'inquiète pour les espèces protégées et alerte sur un risque de crash

Des avions de l'armée ont plusieurs fois été photographiés dans les gorges.
Des avions de l'armée ont plusieurs fois été photographiés dans les gorges.
Crédit : André Brocard. 16 janvier 2025

Les gorges du Tarn lozériennes sont un lieu idéal l'été pour faire du canoë, de la randonnée, admirer les colonies de vautour... et parfois les avions de chasse. Depuis plusieurs années, des avions de type Rafale et Mirage 2000 utilisent les gorges comme terrain d’entraînement. Une pratique que dénonce la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d'Occitanie qui s'inquiète non seulement pour la préservation d'espèces protégées qui nichent dans ces gorges, mais aussi des conséquences possibles d'une collision. Plus de 3 000 vautours fauves vivent dans les gorges à cheval sur la Lozère et l'Aveyron. On y trouve aussi des vautours moines, des gypaètes barbus et des aigles royaux dont les effectifs sont bien plus fragiles. Xavier Pedel est le représentant de la banche lozérienne de la LPO.

"On a une population de grands rapaces qui est très importante dans ce secteur-là. Les avions militaires descendent dans les gorges, ils passent à 200km/h. Donc on a un danger potentiel qui est très important. On trouve que c'est très dangereux, non seulement parce qu'il y a des oiseaux qui peuvent être percutés, mais surtout, si un oiseau est percuté, cela représente un gros risque pour l'avion d'être envoyé au tapis et il y a des villages dans les gorges, c'est habité ! Ils le font au même au moment où il y a déjà des touristes... ça peut faire des dégâts très importants et très coûteux financièrement et humainement". 

La LPO Occitanie a récemment envoyé un courrier au préfet de région pour alerter sur la situation, et notamment concernant les risques pour les pilotes, les habitants, les touristes, les infrastructures et l'environnement. Le problème avait déjà été signalé au préfet de région en 2006. Des conventions ont été passées depuis, avec l'armée dans le cadre du plan national d'action en faveur du gypaète barbu, explique Léa Giraud, est en charge du programme de conservation des vautours pour la LPO Grands Causses.

"Il y a eu un gros travail concernant l'espèce gypaète barbu qui est une espèce de vautour. C'est une espèce qui est très sensible au dérangement. Il y a eu diverses conventions engagées notamment avec l'armée de l'air, dont les aéronefs sont source de dérangement. Cette convention permet de garantir un évitement des zones de sensibilité majeures en période de reproduction de l'espèce. Mais à ce jour, ce travail-là, n'existe que pour le Gypaète barbu, et nous n'en avons pas encore beaucoup dans les gorges. Nous avons une seule zone de reproduction, c'est dans les gorges de la Jonte, donc pour l'instant, la convention ne permet pas de mettre des "warnings" à l'armée dans le secteur des gorges du Tarn". 

La convention ne concerne donc pas les gorges du Tarn, donc de ce côté-là de la règlementation, rien n'interdit aux avions de chasse de s'y entraîner. Léa Giraud souligne que la convention en faveur des gypaètes barbus a déjà montré un engagement de la part de l'armée de l'air. "Un travail reste à mener pour protéger les autres espèces en danger", admet-elle. 

Contactée par Totem, l'Armée de l'air apportera ses réponses ultérieurement. Nous les publierons dès leur communication.