Benjamin Guérin honoré par un prix exceptionnel Guillaume Apollinaire

C’est une nuit de décembre qui a tout déclenché. Dans le silence de la campagne lozérienne, un loup s’introduit dans le jardin de Benjamin Guérin et attaque un mouton. De cette irruption brutale du sauvage dans l’intimité du quotidien naît une œuvre poétique saisissante : Quand nous étions des loups.

« Ce livre est vraiment parti d’un événement vécu, d’une attaque de loup dans mon jardin un soir de décembre », confie Benjamin Guérin. « Et là j’ai réalisé que ma maison était devenue d’un coup le lieu du sauvage. Et c’est quelque chose d’assez étonnant comme sentiment, puisque le sauvage, normalement, c’est ce qu’il y a au loin, dans la forêt… par opposition à la maison, qui est le monde des humains. »

Le recueil, publié en 2024, explore cette frontière floue entre nature et culture, entre l’homme et l’animal. « Est-ce que c’est vraiment eux les sauvages ? Est-ce que ce n’est peut-être pas nous les barbares ? Explorer notre part sauvage, c’était vraiment ça l’idée de ce livre », poursuit le poète.

UNE RECONNAISSANCE RARE

Le prix Guillaume Apollinaire, souvent surnommé le « Goncourt de la poésie », est l’une des distinctions les plus prestigieuses du genre. Cette année, le jury n’a pas réussi à départager les œuvres de Benjamin Guérin et d’Étienne Faure (Séries parisiennes), deux univers littéraires diamétralement opposés. Résultat : un prix spécial du jury a été exceptionnellement créé pour récompenser le poète lozérien.

« Le jury est resté irrésolu pendant longtemps, avec des défenseurs fervents pour chacun des deux livres », explique Benjamin Guérin. « Donc il a été décidé de me décerner un prix spécial pour cette année. A priori, ça n’a pas vocation à être renouvelé. C’est vraiment une création spéciale pour mon livre. » Recevoir un tel prix est une consécration. « Le prix Apollinaire, c’est vraiment celui qui fait rêver, déjà par les membres du jury. C’est quand même merveilleux de pouvoir porter un livre qui va être lu par des poètes qu’on admire et qu’on respecte. Et puis Apollinaire… c’est une sacrée figure de la poésie ! »

UNE VOIX POÉTIQUE ENRACINÉE EN LOZÈRE

Benjamin Guérin n’en est pas à son coup d’essai. Il est aussi le fondateur du festival Sources poétiques, qui a fêté cette année sa 5ᵉ édition en Lozère. Une initiative qui témoigne de son engagement pour faire vivre la poésie au cœur des territoires.

Son recueil Quand nous étions des loups a également été distingué par le prix Robert Ganzo Révélation, reçu le 12 novembre dernier. Il est disponible dans toutes les librairies, notamment lozériennes.