Publié : 3 octobre 2025 à 18h03 par Sébastien Claret

Procès Jubillar : une deuxième semaine marquée par de nombreux témoignages

La deuxième semaine du procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine est désormais terminée. Entre auditions inédites et témoignages à forte charge émotionnelle, elle a permis de préciser le portrait d’un couple conflictuel et d’un homme aux propos violents.

procès Jubilar
L'entrée de la salle d'audience où se tient le procès Jubilar aux Assises du Tarn
Crédit : procès Jubilar

Lundi 29 septembre, le procès a repris avec un témoignage rare, celui de l’ancien procureur de Toulouse, Dominique Alzéari. Il est appelé à la barre à la demande de la défense, pour une audition exceptionnelle dans une cour d’assises. La défense cherche à faire d’Alzéari le "péché originel" du dossier, l’accusant d’avoir biaisé le cadre médiatique et judiciaire dès 2021. D'ailleurs Maitre Martin ne mâche pas ses mots : " Vous êtes le péché originel de ce dossier ".

Le procureur reconnait certaines approximations dans ses déclarations publiques, mais nie toute erreur, rappelant qu’il s’appuyait sur les éléments disponibles à l’époque. L’avocat général, quant à lui, dénonce une tentative de la défense de déplacer le débat sur la forme, qualifiant l’audition de "perte de temps".

L’enregistrement sonore : un moment clé

C'est l'un des moments majeurs de cette semaine. Mardi 30 septembre, Cédric Jubillar est confronté à un enregistrement audio pris à son insu le 17 décembre 2020. Il y évoque les difficultés de son couple et déclare que Delphine l'a "toujours fait passer en second plan". L’enregistrement contient également des sanglots de l’accusé.

Pour la défense, ces pleurs humanisent Jubillar et montrent un homme submergé par ses émotions. Les propos qu’il tient corroborent toutes les déclarations faites lors des auditions devant les gendarmes. Pour la défense, cet enregistrement n’est donc pas aussi accablant qu’il pourrait le sembler.

La partie civile, en revanche, considère que Jubillar semble peu préoccupé par la disparition de sa femme, s’attardant sur des sujets jugés frivoles, comme la vente de la maison ou les travaux à réaliser. Les pleurs, selon eux, relèveraient davantage du théâtre que de l’émotion authentique.

Témoignages des proches de Delphine

Mercredi 1er octobre, la cour entend les amis et collègues de Delphine. Chloé, l’une de ses amies, affirme avoir "la profonde certitude" que Cédric l’a assassinée. Anne S. décrit une femme isolée que Cédric "rabaissait". "Elle n’avait pas de place pour s’exprimer, elle n’existait plus", ajoute le témoin.

Parallèlement, une experte en ADN présente les analyses sur des traces de sang, de salive et de sperme retrouvées sur des objets saisis. Mais aucune de ces preuves ne peut servir la vérité.

Témoignage de l’ex-femme de l’amant de Delphine

Un temps suspectée d’avoir été impliquée dans la disparition de Delphine, Cathy M., ex-compagne de l’homme avec lequel l’infirmière entretenait une liaison, a témoigné jeudi 2 octobre. À la barre, elle décrit comment elle s’est retrouvée victime collatérale dans cette affaire de meurtre.

En l’espace de quelques jours, elle découvre que son mari a une liaison, que la maîtresse de son mari a disparu et qu’elle est soupçonnée d’y être pour quelque chose.

L’affaire Jubillar est entrée dans sa vie par un coup de fil de son mari. Alors que les gendarmes appellent pour lui signaler la disparition de sa maîtresse, l'amant se tourne vers sa femme et lui demande : "T’as fait quoi de Delphine ?". Finalement, les deux sont mis hors de cause : leurs téléphones et la domotique de la maison ont confirmé qu’ils n’avaient pas quitté leur domicile cette nuit-là.

Aujourd’hui encore, la défense ravive cette piste à travers ses questions à la barre. Cathy ravale ses larmes et déclare : "Moi, je n’ai rien demandé de tout ça".

Stratégies des parties

Au fil de cette deuxième semaine, les stratégies se dessinent clairement. La défense cherche à déplacer le débat sur la forme, en pointant les possibles biais de procédure et en questionnant l’image médiatique donnée de Cédric Jubillar. La partie civile, elle, capitalise sur la dimension humaine et psychologique : chaque témoignage, chaque mot violent de l’accusé, chaque détail intime dressent le portrait d’un homme dominateur et instable, et d’une femme étouffée dans un couple à l’équilibre brisé.